Michel Onfray, portrait d'un philosophe
Que dire, que dire de ce sourire ? Certainement, il se voudrait énigmatique. Mais n'est pas qui veut Mona Lisa, nonobstant la tonalité " vert profond " adoptée, non sans raison, on s'en doute, par l’artiste photographe, pour nous détourner du vrai.
C'est le visage, qui nous intéresse ici, non le montage. Un montage cousu de fil blanc, qui frôle le ridicule. Le portrait de Freud, bousculé, comme on voudrait nous le faire croire, par l'épaule de Michel Onfray ! Un Freud, mal accroché, comme " épinglé " au mur par une énorme punaise !
Intéressons-nous donc à ce visage. Oh, pas plus qu'il ne faut non plus, ce serait sans doute lui accorder plus d'intérêt qu'il n'en a. Juste cinq ou six lignes, ensuite nous l'oublierons. Comme l'hebdomadaire Le Point aurait dû l'oublier, le 15 avril dernier. Mais le pouvait-il vraiment ? Ah, la, la, cette finance, décidément, qui manœuvre les hommes !
Un visage aux lèvres minces - c'est déjà mauvais signe, diraient certains ! -, aux yeux moqueurs qu'encerclent des lunettes à la structure rigoureuse, mais suffisamment fines, elles aussi, pour dissimuler le caractère volontiers autoritaire d’un menton prononcé, mais pas seulement, de celui qui les porte : hâbleur, prétentieux, suffisant, hautain, sûr de lui, satisfait, arrogant, j’en passe… Il en dit long, ce visage, sur celui qui pose.
La psychanalyse une secte ? Une religion ? C’est ce que nous assure quelque part Michel Onfray, qui se comporte ensuite en blasphémateur content de lui, en réformateur béat. Le portrait qu’on nous donne ne trahit rien de tout cela, au contraire. Il nous en déroule l’évidence. Je suppose que Luther et Calvin n’ont qu’à bien se tenir ! Car le vrai réformateur, celui qui s’attaque au gros morceau – qu’était-ce que le Catholicisme à côté ? On se le demande -, pas aux moulins à vent, c’est Michel Onfray ! Le nouveau philosophe des temps modernes, aussi inébranlable que ces certitudes.
Pour finir, j’évoquerai la coiffure, celle du photomontage, bien sûr, qui ne peut si aisément passer inaperçue. Une perruque, plutôt, au mouvement emporté, faussement naturel, d’un romantisme fou qui se voudrait, on ne peut en douter, à la Chateaubriand. Magistralement peigné par on ne sait quel figaro du XVIIIe siècle que le XIXe aurait adopté, notre philosophe, grâce à elle, écorne sa bête noire, Sigmund Freud, de quelques mèches savantes, comme en d’autres temps, d’un geste, il l’aurait souffleté.
L’image en devient risible et, du même coup, le personnage en perd sa crédibilité. Du moins, s’il en a encore une. Je n’oserai me prononcer à la place d’autres, plus qualifiés que moi, je suppose, qui l’ont déjà fait.
Mais tout cela, n'est-ce pas ?, n’est que divertissement de salon.