Les Raisins du pardon, d’Anne-Marie Castelain (Ed. De Borée)
Voici peu, j’ai parlé d’Anne-Marie
Castelain et de « La Dentellière de la
brume ». Aujourd’hui, il s’agit de son dernier opus : « Les Raisins du pardon », qui nous emmène en Bourgogne, du côté de Chably et
non loin d’Auxerre.
Ce qu’en dit l’éditeur : « Charlotte, nourrice auprès d’une famille parisienne, quitte la capitale pour
rejoindre la ferme des Moreau, où Célestine, la mère, a besoin d’être épaulée… Charlotte s’attache rapidement à son employeuse jusqu’à devenir sa confidente. En revanche, elle se voit confrontée
à l’accueil contrasté de ses deux fils : Gustave, au tempérament fort et autoritaire, et Maurice, dont elle n’est pas insensible au charme… »
Un livre d’une élégante simplicité, une histoire qui nous est naturellement contée. Chez Anne-Marie
Castelain, le plaisant, c’est qu’il y a toujours un air d’ancien, d’un peu suranné, qui fleure bon la poudre de riz de nos grands-mères. Elle nous accroche avec des riens : ce tacot que Charlotte
prend à Laroche-Migennes et qui la conduit jusqu’à Charmy ; Célestine, cette vieille dame qui se voudrait parfois indigne, dont on s’amourache sans le vouloir vraiment, comme ça,
peut-être, tout simplement, parce qu’elle est la bonté même, et parce que son âge lui permet de tout savoir, de tout comprendre ; les humeurs de Gustave et les maladresses de Maurice…
Mais ces lignes auraient-elles tous leurs sens si je n’avouais pas que le roman d’
Anne-Marie Castelain me touchent personnellement ? A la fin des années 50, mes parents achetèrent une ancienne ferme dans cette région, à quelques kilomètres d’Auxerre. Ils la
retapèrent à leur manière, pas pour en faire un château, simplement. Derrière, parallèle à cette ferme, une autre ferme, avec une Célestine, qui ne se prénommait pas ainsi, mais aussi douce,
fragile et pourtant costaude, ses enfants et ses petits enfants avec lesquels j’ai joué et grandi. J’ai certainement passé là, avec mes parents, mes frères, les plus beaux étés de mon existence.
Et puis, un jour, quelques trente années avaient passé, mes parents s’en séparèrent… Cette maison, c’est un peu la ferme des Moreau à Charmy… Mais mon village à moi, toujours resté si proche,
s’appelait Egleny…