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Publié par Gérard Glatt

feux-marguerite-yourcenarUne suite de nouvelles, écrites en 1935. Publié chez Plon, en 1936, pour la première fois, " Feux " reparut en 1957. C'est en 1974 que l'ouvrage est l'objet d'une publication chez Gallimard. Marguerite Yourcenar le dote alors d'une préface où elle se livre, de manière complaisante, presque pompeuse, à une analyse appliquée de son travail. Si l'écriture n'atteignait le sublime, on pourrait en plaisanter. Seulement, voilà, Marguerite Yourcenar, plus habile que jamais, pas un seul instant ne prête à sourire, et ce bien qu'elle précise, au tout début de cette préface, que " l'ouvrage ne nécessite comme tel aucun commentaire. " S'ensuivent pourtant une vingtaine de pages incontournables.

 

De quoi s'agit-il ? De l'amour. De l'amour à travers le temps, de la passion amoureuse, de l'amour destructeur, tyrannique, rédempteur, oppressant, violent, de l'amour : " accident passager ", de la chair aussi, car l'amour n'est pas qu'aérien, folie pure de l'esprit, il est aussi de sang et de blessures.

 

Les héros de Marguerite Yourcenar ? Ceux de l'antiquité, bien sûr, mais renouvelés, retrouvés, restructurés. Qui ne connaît Phédon ? Antigone ? Phèdre ? Achille ? Patrocle ? Léna ? Et Marie-Madeleine, la superbe exception ? Une antiquité au goût du jour, qui aurait revêtu nos effets, adopté nos habitudes et nos manoeuvres civilisées, ou que l'on se plaît à désigner ainsi.

 

Inutile de rechercher ici la Marguerite Yourcenar des " Mémoires d'Hadrien " ou bien encore " Le Traité du vain combat ", voire même " L'Oeuvre au noir ". Le style est de rocaille, il est aride, il est sec, ce qui n'empêche pas la poésie. Car il y a du lyrisme dans cette Méditerranée, de la tempête souvent. Si les vagues sont courtes, rapides, multiples, éloignées des creux d'Atlantique, elles n'en sont pas moins dangereuses, rapeuses, presque rugueuses. Elles vous retiennent dans leur élan, tant pis pour la souffrance ; comme la musique de Bach, elles vous retiennent et vous allez jusqu'au bout, jusqu'à la mort s'il le faut, essoufflés, harassés par tant de vigueur.

 

Une Marguerite Yourcenar que l'on connaît peu, mais tout aussi magique que celle qui nous donna " Mishima ou La vision du vide. "

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