Acide Sulfurique, de Amélie Nothomb (Albin Michel)
Pourquoi lit-on Amélie Nothomb ? Je me pose souvent cette question, moi qui n'aie pas lu
son dernier roman. Comment s'appelle-t-il déjà ? Je ne sais plus. Je ne sais pas. Et puis, franchement, cela m'est égal : un jour ou l'autre, il me tombera entre les mains et moi, comme beaucoup,
je tomberai dans ses filets. C'est ça, le miracle Amélie Nothomb. Un miracle qui, comme tous les miracles, ne s'explique pas.
Je n'avais pas encore lu " Acide Sulfurique ", pourtant publié en 2005. Et, comme tous les autres Nothomb, celui-ci ne m'a pas râté.
De quoi s'agit-il ? Du jeu télévisé le plus imbécile qui soit. Je n'ai pas dit le plus improbable. Son titre ? Concentration. Oui, comme les camps. Trouvez-vous sur le passage de ses organisateurs, et les voici qui vous embarquent, sans rime ni raison, puis vous intégre dans leur émission. A vous, ensuite, de survivre si vous le pouvez, car ils vont vous faire travailler sous la surveillance de kapos qui auront droit de vie ou de mort sur vous. Tout va bien, pour la plus grande jouissance des téléspectateurs, jusqu'au jour où Pannonique, une superbe jeune fille, se trouve victime d'une de ces razzias...
Comme toujours, le style d'Amélie Nothomb est d'une légèreté extrême, d'une incomparable fluidité, même si, de temps à autre, comme pour vous rappeler que vous n'avez pas affaire à n'importe qui, elle utilise un terme dont vous ne connaissiez pas jusqu'ici l'existence.
On relève de plus, un joli cynisme de la part de l'auteur, une réelle jubilation, que nous partageons volontiers, a vouloir nous décrire, le plus naturellement du monde, les horreurs dont, hélas, nous savons capable l'humanité. Mais cette humanité, qui pourrait en profiter pour voir un peu plus clair en elle, qu'en retient-elle ? C'est une autre histoire.