Les Onze, de Pierre Michon (Verdier)
Une histoire folle à laquelle, pourtant, nous croyons malgré une écriture parfois troublante, volontairement, qui se voudrait celle d'une parler franc, mais qui, bien souvent, se perd dans ses propres méandres. Corentin, le peintre François-Elie Corentin, dont il est question, de lui et de ses ancêtres d'ailleurs, existe-t-il vraiment ? Et son chef d'oeuvre, " Les Onze", qui devait originellement s'appeler " Le Grand Comité de l'An II siégeant dans le pavillon de l'Egalité " est-il effectivement, ainsi que l'affirme le narrateur, le tableau le plus célèbre du Louvre ? Bien sûr que non, depuis le temps, cela se saurait ! Pierre Michon aurait-il voulu tordre la cou à la Joconde qu'il ne s'y serait sans doute pas mieux pris : car, oui, nous y croyons, nous galopons derrière cette histoire de révolutionnaires assoiffés de coups tordus. De même, semble-t-il, aurait-il voulu effacer de l'Histoire de l'Art, les " Sibylles " de Corentin, son véritable chef-d'oeuvre, dont la fameuse, la superbe, l'incroyable " Sibylle de Cumes", bien supérieure en qualité aux " Onze ", qu'il n'aurait pas agi d'une autre manière. Bref, où est la vérité dans tout cela ? Cette vérité derrière laquelle nous courons comme des désespérés. Allez, soyons clairs : puisque nous parlons de chef-d'oeuvre, au vrai, où donc se cache-t-il ? Plutôt qu'au Louvre, ne serait-il pas plutôt entre nos mains, sous la forme d'un livre ? En tous les cas, un exercice réussi, même s'il demeure anecdotique.