Cancale, un jour de Pâques
Le temps est superbe, le ciel éclatant. La baie du Mont Saint Michel, à l'extrémité ouest de laquelle se situe Cancale, s'ouvre grande sur l'infini, tandis que l'Eglise, à ce moment, se débat tant bien que mal, prisonnière de filets malheureux, jadis déployés.
A Cancale, nous vivons un grand jour : le Christ est revenu, nous ne voulons rien savoir d'autre, et, que l'on soit ou non croyant, ce que l'on désire, c'est profiter avec bonheur de l'embellie qui nous est offerte.
Hier, comme les jours précédents, il faisait triste, la pluie allait et venait au gré du vent, le soleil était avare, et dans les rues, comme sur les quais du port, le chaland comptait ses pas.
Aujourd'hui, dorée comme la pierre du pays, Cancale resplendit, à nouveau bavarde. A cause de la foule, sans doute, qui l'a désertée pendant l'hiver. Il est vrai que, cette année, il n'a pas manqué de vigueur. Et même si les camélias sont en fleurs, presque passés, les mimosas aussi, et les pins, toujours accrochés aux falaises, elle s'est demandé un moment si on n'allait pas l'oublier, lui préférer d'autres cieux.
Et puis, le miracle s'est produit : ils sont tous revenus ; elle en a même surpris qu'elle ne connaissait pas, des jeunes comme des vieux, qui, sur le môle de l'Epi, se prenaient en photos, avec la bisquine en plan arrière, couchée sur le flanc, la mer retirée, l'émeraude au loin, pâlie par l'unique nuage qu'on aura vu passer dans l'après-midi.
On a fait la queue dans les parkings, au-dessus de La Houle, on a vu des promeneurs se dire bonjour, la rue du Port a dévalé son flot continu de rires, ou de soupirs essoufflés pour ceux qui montaient vers la place. Les terrasses ont été assaillies, les marchandes d'huitres ont gagné leur pain et vidé les panniers.
Hier, les beaux jours étaient de retour.