Beau regard, de Patrick Roegiers (Le Seuil)
" Ross mange tout le temps du homard. C'est, selon les médecins, le seul aliment qui puisse le faire maigrir. Vous verrez, ce soir, nous dînerons de homards frais. " C'est là ce que les époux Tripp annoncent à Ange, trempé comme une soupe, lorsqu'ils l'invitent à monter dans leur voiture, tandis qu'il marche, un soir de grande pluie, à destination de l'inconnu.
De fait, c'est à ce dîner où l'on ne mange que du homard, qu'avec les yeux d'Ange, Patrick Roegiers nous invite.
Sans nul doute, il s'agit là d'un chef d'oeuvre. Chef d'oeuvre littéraire peut-être pas, je parle de l'écriture qui ne m'a pas toujours comblé, mais chef d'oeuvre d'observation et de supputations cruelles et corsées, rarement succulentes malgré le met proposé, parfois même écoeurantes. Comme une peinture du Quattrocento revue et corrigée par un artiste de talent du XXe siècle. Forcément splendide.