Amical entretien avec Pascal Galodé, éditeur Malouin...
Samedi après-midi, 8 mars, à Saint-Malo, je rencontre Pascal Galodé, l'éditeur. Il est au fond de sa boutique, derrière sa caisse, au milieu des livres qu'il a publiés. Comment ne pas le remarquer ? Un corps rond, une tête ronde, sans trop de cheveux. L'allure joviale, visiblement, il discute avec un ami. D'ailleurs, ils déjeuneront bientôt ensemble. Une oreille a trainé, c'était la mienne... Je me souviens, à la fin de l'année dernière, par bravade, comme on discutait un peu sur Facebook - il faisait partie de mes "amis " -, il avait été conclu qu'à ma prochaine visite, Pascal Galodé m'offrirait le café. Pourquoi pas ? Là, après quelques hésitations, je suis donc entré. Je suis allé vers lui, je lui ai dit bonjour, et puis je lui ai demandé si c'était bien à lui que j'avais l'honneur de parler. A lui : Pascal Galodé. Il m'a répondu que oui. " Comment me connaissez-vous ? " Par Facebook, je lui réponds. Léger haussement des épaules. " Ah, oui, les amis de Facebook ! " Triste ironie ! J'ai aussitôt senti une boule dans mon gosier. Une grosse boule qui n'avait pas du tout envie de passer. Alors, mon histoire de café, je l'ai gommée illico ! " Et vous, qui êtes vous ? " Je me nomme, je suis écrivain, romancier, édité chez De Borée. " Et vous êtes content ? ", me demande encore Pascal Galodé. Je lui réponds avec un sourire, innocent : " Ma foi, oui... " Alors, lui, s'adressant à son ami : " Un auteur heureux, dis donc ! Comme quoi ça existe... " Là-dessus, il regarde derrière moi. " Faut que je m'occupe de mes clients, " me dit-il. C'est vrai, une personne est derrière moi qui tient un ouvrage à la main. Joli trophée. Belles photos. Alors, je m'écarte, je flâne dans la boutique. Des romans de chez Pascal Galodé, j'en ai lu quelques uns. J'aime bien. Comme j'aime bien le fait qu'il se soit implanté ici, hors de ce germanopratisme parisien qui fait mourir à petit feu la littérature. Je veux dire la vraie. Celle qui, aujourd'hui, n'accorderait plus à l'oeuvre de Jean Giono, et pas seulement, le droit d'exister. Bref, le client a payé, il est sorti. Je suppose qu'avec Pascal Galodé, nous allons reprendre un peu. Surtout que ces dithyrambes, toujours sur Facebook, me conviennent bien. Mais non, je le vois qui reprend au contraire avec son ami. Manifestement, l'homme m'a déjà oublié. Ou s'il ne m'a pas oublié, il fait bien semblant. Je pense : " Peut-être n'aime-t-il pas les auteurs heureux ? " Alors, à quoi bon insister ? Je me dirige, un peu gêné, gêné de l'avoir dérangé, vers la sortie. La librairie n'est pas grande, je n'ai pas grand chemin à parcourir. Juste avant de passer la porte, je me retourne. " Au revoir... ", je fais. Mais maintenant, j'en suis certain, Pascal Galodé m'avait bel et bien oublié. Il sursaute presque en entendant le son de ma voix. Cette fois, je ne suis plus seulement gêné. Je suis confus, terriblement confus. Parce que je l'ai même obligé à me dire au revoir. Tellement confus que je manque m'étaler sur le trottoir. Promis, je ne recommencerai plus. Promis, je passerai maintenant sans trop me montrer... A moins que...
Ce jour même, à cette heure.