Agathe Gaillard, Hervé Guibert... et moi...
Hier, j'ai rencontré pour la première fois Agathe Gaillard. Cette grande dame de la photo, qui m'est apparue telle que je la supposais
être, toute discrétion, mais néanmoins chaleureuse. Impression d'un inconnu pour une personne qu'il n'imaginait pas atteindre en raison, c’est probable, de l'admiration qu'il ressent toujours
pour elle, et, à travers elle, pour l'oeuvre photographique et littéraire d'Hervé Guibert.
A travers Agathe Gaillard, en effet, à dater de 1984. Je venais de voir le film " L'Homme
blessé ", ce film qui a changé ma vie, et dont Patrice Chéreau et Hervé Guibert avaient co-écrits le scénario. Et j'avais déjà entre les mains le catalogue, publié
aux éditions de Minuit, de l'Exposition qui s'était tenue cette année-là, à la Galerie Agathe Gaillard, de photos prises par Hervé Guibert depuis 1977 : ainsi
ai-je découvert et l’un et l’autre.
Je ne suis pas allé à cette Exposition. Je me suis contenté de passer devant la Galerie à plusieurs
reprises. J'avais le sentiment que cette chance, celle de pouvoir entrer, visiter, regarder une à une les photos d'Hervé Guibert, ne pouvait être pour moi. M'en considérais-je
indigne ? Ou bien voulais-je plutôt me faire du mal, me refusant un plaisir innocent ? Mais ce plaisir, était-il vraiment si innocent ?
Depuis cette année 1984, " Le seul visage ", ce visage qui figure dans le
catalogue de l'Exposition, à la page 17, n'a cessé de m'accompagner. Je ne m'en suis pas toujours rendu compte. Notamment, lorsque j'écrivais ce dernier roman qui verra bientôt le jour. C'était
pourtant évident : j'écrivais sans penser à lui, mais un peu comme si je cherchais un objet disparu, cher à mon cœur. Aujourd'hui, je l'ai enfin retrouvé. Doublement. Il ne me quittera
plus.
Agathe Gaillard m'a accordé son écoute, je l'en remercie vivement. Je remercie également
Christine Guibert.
Ce jour même, à cette heure.
Vers mon invité : Hervé Guibert