Publié par Gérard Glatt

georges-perros-europe-gg.jpgC'était le 11 juin 2011, il n'y a pas si longtemps, j'ai passé une partie de l'après-midi avec Georges Perros. La Maison des écrivains et de la littérature avait organisé une rencontre, au Petit Palais, en hommage au poète qu'il était, à sa discrétion.

Déjà, au début de cette année, la Revue Europe lui a consacré tout un dossier. Jean-Baptiste Para, rédacteur en chef de la revue et lui-même poète (prix Apollinaire 2006), était donc naturellement présent à cette rencontre, ainsi que d'autres écrivains dont Christian Garcin. A cette occasion, j'ai d'ailleurs apprécié la voix grave, bien timbrée, de Christian Garcin lisant quelques correspondances, et celle, plus douce, presque sensuelle de Jean-Baptiste Para qui lui a fait écho, sur un registre sans doute plus savoureux.

Si Georges Perros avait l'ironie savante, celle qui donne lieu à sourire, non à rire, il avait aussi et surtout l'art du juste mot. Il en parlait lui-même comme d'une chose évidente. Il était ainsi et il n'y pouvait rien. Pas de ratures ou presque dans ses " Papiers collés." Le premier jet était le bon, le corriger n'eut été que détruire ce qui touchait le parfait. Mais entendons-nous, lorsque j'utilise le terme : parfait, je ne réplique pas les termes de Georges Perros à propos de ses écrits : j'imagine qu'il n'aurait pas osé.

Pour terminer cette rencontre, on nous a projeté un documentaire sur le bonhomme, prêté par l'Ina. Le fil conducteur ? Georges Perros à Douarnenez. Georges Perros y vivait, un libre choix, pas un exil, avec Tania et leurs trois enfants. Homme simple par excellence, il habitait cette Bretagne du bout du monde comme quelqu'un qui n'aurait pu vivre ailleurs, tout simplement parce que les Bretons, la Bretagne, et cette mer qui va et vient lui convenaient. Comme lui convenait ce café qu'il s'en allait prendre chaque matin, toujours au même bistrot. Comme cette pièce en désordre, non loin de chez lui, où il se retirait chaque jour, pendant quelques heures, pour écrire ce qu'il avait à dire ou maudire.

Aurais-je pu ne pas être sensible à tout cela, moi qui respire comme lui, à Cancale, pour cette mer aux accents parfois si troubles, dangereuse, à qui les Bretons, qu'ils soient du sud ou du nord, doivent tout ou presque ? Georges Perros a-t-il jamais eu besoin de s'adapter à eux ? Il me semble qu'en fait, sans être breton, il était comme les Bretons, de pierre brute et déjà vieux de sept mille ans. Peut-être est-ce pour cela que son oeuvre demeure, inébranlable elle aussi comme une vérité première. La Bretagne, plus que le sang, je me dis que c'est une humeur, une manière d'être, une façon de vivre. Une nécessité. Est-ce pour cela que, décidément, je m'y sens si bien ?

 

Ce jour même, à cette heure.

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