Profession du père, de Sorj Chalandon (Grasset)
Un père, une mère, un fils... Etonnante coïncidence qui m'a fait découvrir dans le même temps ou presque Indignation, de Philip Roth, et Profession du père. A propos de Sorj Chalandon, j'avais un a priori, hélas fondé sur l'expérience ! Sorj Chalandon ? Un journaliste. Libération. Le Canard Enchaîné. Ancien grand reporter. Tout ce qu'il fallait pour attendre des confrères - ex, actuels ou futurs -, l'immanquable enthousiasme, l'inévitable encensement d'une oeuvre aussi immanquablement, inévitablement supérieure à n'importe quelle autre. Et puis, il y a peu, comme je demandais quel livre lire à mon éditrice, qui n'est pas chez Grasset, mais aux Presses de la Cité, voici qu'elle me suggèra Profession du père, dudit Chalandon Sorj. Et là, quelle belle découverte ! Un père cinglé, rongé par l'OAS, nous sommes au lendemain de la guerre d'Algérie - on ne parle pas encore de guerre, mais d'évènements ; un fils entraîné malgré lui, à coups de paires de claques, de punitions répétées, de gnons, dans les délires paternels ; une mère prisonnière sans doute d'une adoration excessive pour son mari qui l'a conduit jusqu'à l'aveuglement le plus complet, voire à une pitoyable perte de raison. Tout cela sur un rythme étonnant, presque endiablé, irrésistible, où pas un mot n'est de trop. De l'irrespirable, réjouissant par instants, hautement dramatique parfois. Une médiatisation amplement méritée. Une fois n'est pas coutume. Promis, je lirai le prochain !