A l'Arobase Galerie, à Cancale : Oberthür, Delaleuf et Abraham
Et si nous parlions de Cancale ? Il est bien temps, maintenant que j'en suis revenu. Mais pour quelques jours
seulement, pressé que je suis d'y retourner. Donc, dès le 15 août prochain, ceux qui voudront m'y retrouveront.
En attendant, sait-on qu'une intéressante exposition se tient actuellement, et jusqu'au 17 août prochain, à
l'Arobase Galerie, ancienne ferme de la Bretonnière revisitée, et repaire de l'artiste peintre Patrick Abraham ? Une exposition consacrée aux dernières oeuvres de
Christine Oberthür, Delaleuf et Abraham lui-même, trois regards portés sur le monde par trois sociétaires des Artistes Français.
De Delaleuf, on retiendra la tonicité du graphisme, une esthétique sans doute
contemporaine, mais essentiellement personnelle, comme naguère Buffet, avec, cependant, des éclairages plus vifs, plus sereins, mais aussi une pâleur où le vertige, en lignes
brisées, n'est pas toujours absent. On n'oubliera pas de s'intéresser aux sculptures également présentées : deux d'entre elles, des femmes, touchent à la perfection.
Tout autre est l'univers de Christine Oberthür, petite fille du célèbre peintre
animalier Oberthür. Son univers ? Les marines et les fleurs. C'est ici l'éclatance qui l'emporte sur le message. La résonance intérieure sur le sujet lui-même. La vigueur du pinceau sur
la sagesse. Chez Christine Oberthûr, l'indifférence du regard n'est pas de mise. Une préférence pour Chausey en morte eau, un petit chef d'oeuvre par la taille, une jolie réussite,
surtout.
Que dire à présent d'Abraham ? Lui, je le connais. Disons, mieux que les deux autres
artistes. Bien que le propos ne soit pas là, c'est plutôt de lui que je souhaiterais parler ici. De sa bonhommie. Plus apparente sans doute qu'effective. De sa rondeur. De sa moustache aussi,
pourquoi pas ? Le plaisant de son art, ce pourquoi certains l'aimeront et d'autres moins, c'est avant tout sa diversité. Car Abraham n'est jamais identique, ne s'attache jamais à une manière dont
il prétendrait ensuite être l'inventeur. Abraham n'a pas d'époque. Abraham n'a pas vraiment de sujets de prédilection, même si Cancale ou Saint-Malo ne manquent pas, l'une et
l'autre, de le solliciter. Abraham, c'est Paris la nuit, l'Arc de Triomphe, l'écharde qui vous traverse le doigt ! C'est aussi la sérenité de ce matin blanc, ces doris alunis sur fond de mer
tranquille. Abraham, c'est encore ce peintre qui s'installe des jours durant dans la salle des machines d'un chalutier usine, comme il s'installerait, la pallette à la main, dans les entrailles
mouvantes d'un monstre marin : impressionnant !
Ce jour même, à cette heure.